« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Wednesday 23 March 2011

La laïcité : le veau d’or postmoderne !

     On peut en parler, de la laïcité ! On peut dire que c’est une nouvelle forme de religion ; on la loue, comme avant on louait Dieu, on l’accepte comme un dogme ; la loi de 1905 a remplacé le concile de Nicée et autre Concile de Trente. En fait, rien n’a changé, il n’y a eu qu’un déplacement de l’Église à l’Etat, car comme l’avait remarqué très pertinemment Carl Schmitt dans Politische Theologie « Tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l'État sont des concepts théologiques sécularisés... parce qu'ils ont été transférés de la théologie à la théorie de l'État »! Les « théomaniaques » pour parler comme Buber, sont partout- tous sont obsédés par Dieu, même les soi-disant athées, surtout eux.
     Alors que Marcel Gauchet considérait que le christianisme est la religion de la sortie de la religion, la Laïcité, elle, est la non-religion de la rentrée dans la religion.
      La loi sur la laïcité serait analogue à celles qui seraient descendues du Mont Sinaï et qui établirait entre autres : de voile tu ne porteras point, tu n’auras d’autre Dieu que la République…
     Osez adorer un autre Dieu et la terre s’ouvrira sous vos pieds.
     La laïcité est l’opium du peuple français.

     La France très catholique, fille aînée de l’église comme elle se plaît à se considérer, a eu le courage et la lucidité de comprendre que le pouvoir devait être temporel et non spirituel.
      Cette loi de 1905 est le saut qui a permis à la France de se démarquer et de s’élever au-dessus de tous les autres pays, et lui a fait rentrer dans les rangs des civilisations telles qu’Athènes ou Rome.

      MAIS ce mot « laïcité » est devenu une novlangue.
   

      Car la loi sur la laïcité a été dénaturée, travestie. Au lieu de demeurer neutre, elle s’occupe des citoyens, s’insinue dans leurs croyances, et va ainsi à l’encontre de son but originel. Elle se substitue à toutes les religions, toutes les croyances, pour devenir la première des croyances, la première des religions, plus intégriste que toutes celles qu’elle a voulu combattre, car comme Mircea Eliade le dit dans Le Sacré et le Profane : « (…) l’homme qui a opté pour une vie profane ne réussit pas à abolir le comportement religieux. L’existence même la plus désacralisée conserve encore des traces d’une valorisation religieuse du Monde. »

     La « minute de silence » n'est qu'une prière déguisée.

     La démonstration de la laïcité de la Laïcité est indémontrable comme l’énonce le  théorème d’incomplétude de Gödel.
     La Laïcité s’axiomatise de manière récursive- elle s’auto réfère.

      Rome possédait ses dieux municipaux; il en va de même pour la France ; on a en effet l'impression qu'en France, chaque branche de la société possède son Dieu qui préside aux affaires de la Cité, dans ce sens, la France est vraiment l'héritière de Rome et d'Athènes, n'oublions pas en effet que Socrate fut condamné entre autres pour impiété et blasphème... il a osé remettre en question le caractère sacré de la loi ; c'est la même chose en ce qui concerne en France le délit d'opinion où celui taxé de « révisionniste » subit non seulement les foudres des médias, mais aussi la sanction pénale.
     À propos de la Sacralité de la loi, on peut dire que la France est l'héritière du calife Abbasside Al-Mamun, qui vit un jour en songe Aristote. Le Calife demanda alors qu'est-ce qu'un homme vertueux, et l'auteur de La Politique de lui répondre: celui qui respecte la loi!

     La vérité est que la France est un hénothéisme, avec un Dieu central, la République, et des dieux inférieurs (Dieu des chrétiens, musulmans et juifs) qui gravitent autour de La divinité supérieure, tout en se réservant le droit d’en exclure si c’est son bon plaisir.
   Ainsi, ce que l’on nomme « laïcité » n’est qu’une forme de monolâtrie, avec comme doctrine la reconnaissance de plusieurs dieux, mais la vénération d’un seul.



Sabir Kadel©2010

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