« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Wednesday 23 March 2011

Et si… HITLER n’était pas né ?...

Et si… HITLER n’était pas né


Bien entendu, à cette question, les réponses sont légions. On dira, en premier lieu, qu’il ne se serait pas produit la Shoah. On dira aussi qu’il n’y aurait pas eu de Seconde Guerre mondiale. Les plus fins diront même qu’il n’y aurait pas eu de Guerre froide puisqu’il n’aurait pas été donné aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique de s’ériger en superpuissances.

Tout cela est vrai. Certes. Mais il y a une chose à laquelle peu de gens pensent. Sans Hitler, l’Inde serait sans doute toujours britannique, l’Algérie française et l’Indonésie néerlandaise. En d’autres mots, sans Adolf Hitler, le processus de décolonisation ne se serait pas produit ou, du moins, pas aussi rapidement.

Cette assertion est on ne peut plus politiquement incorrecte mais elle est en même temps on ne peut plus vraie, et quiconque se penchera sérieusement sur la question arrivera, inéluctablement, à la même conclusion.
Sans Hitler, pas non plus d’Etat d’Israël ! Si l’Etat sioniste existe, c’est en grande partie parce qu’ils (et pas forcément les survivants de la l’holocauste mais davantage la diaspora juive) ont exploité à fond le sentiment victimaire. Les Européens exterminent six millions de Juifs, et ce sont les Palestiniens qui doivent les accueillir. Je paierai cher pour que l’on m’explique pourquoi cela n’aurait pas été plus légitime de leur donner l’Allemagne plutôt… mais oui ! J’oubliais… la Bible dit que la terre d’Israël leur appartient !

Mais la plupart ont beau maudire Hitler comme si c’était le diable en personne (l’homme a besoin d’un épouvantail, d’un ‘ogre’ comme on en trouve dans les contes), ils ont beau le traiter de ‘fou’ (comme si la ‘monstruosité’ n’était pas une normalité ! De plus, personne n’aurait à l’idée de traiter Bush ou Milošević de fou… il semble que quand on tue en général, on est juste un salaud, mais quand on envahit des pays européens et qu’on assassine des Juifs, le crime est si horrible qu’il ne peut être que l’œuvre d’un désaxé… quoi qu’il en soit, inutile de disserter là-dessus puisque la ‘folie’ n’existe pas. La frontière entre la normalité et le pathologique est poreuse. Eh puis, la normalité, ce n’est que la ‘folie’ de la majorité !), ils lui donnent quand même une importance colossale ; en effet, ils prêtent à un seul homme le pouvoir d’avoir fait basculer tout un peuple, le peuple à l’époque le plus cultivé du monde, patrie de Kant et de Hegel.

L’Allemagne n’était-elle pas programmée pour de tels événements ? Il y a-t-il un sens inéluctable de l’histoire, comme le pensait Tolstoï ? Ou alors, est-ce les grands hommes, comme l’affirmait Carlyle, qui de part une certaine grâce et un charisme à dominer les foules, fabriquent l’histoire ? Et enfin, celle-ci est-elle amenée à se répéter ? Il y a-t-il des cycles historiques, un éternel retour des événements ? Ces questions sont trop importantes pour essayer d’y répondre ici, il suffisait de les soulever… De toute façon, les grandes questions demeurent toujours sans réponse.

L’expérience de Milgram a démontré que les gens sont plus enclins à obéir à un ordre ‘immoral’ qu’on peut bien le penser. Il suffit de les pousser un peu dans leurs retranchements pour qu’ils cèdent à la ‘tentation’. Dès que l’humain est dans une foule, sa psyché est diluée et se mélange à celle du groupe. C’est ce que Gustave Le Bon qualifiait de Psychologie des foules, auteur qu’Hitler avait lu… et semble-t-il, maitrisé.

Hitler était sans doute le plus grand orateur depuis Démosthène, mais c’est tout. Son seul génie est d’avoir été le ‘mauvais génie’ du peuple allemand.

Si on le déteste, c’est parce qu’il nous renvoie à ce qu’il y a de pire en nous. C’est parce qu’il nous ressemble.

Quand on côtoie les monstres, il faut prendre garde à ne pas se transformer soi-même en monstre.

À la question : que ce serait-il passé sans Hitler ? la réponse est : nous nous aimerions moins… car nous aurions quelqu’un en moins à détester.


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