« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Synopsis court metrage "La fin de l'innocence"

     Le parcours d’un homme qui décide de réaliser un film sur un écrivain dont le nom a disparu de toutes les mémoires.

     Un jour, lors d’une vente de livres d’occasion à laquelle il se rend en compagnie d’un ami, il découvre un vieux livre qui est signé du nom d’un obscur écrivain allemand qui aurait vécu au milieu du dix-huitième siècle; l’idée germe alors en lui de retrouver sa trace et de réaliser un documentaire sur cet écrivain. 

     En lisant le texte attentivement, il découvre de troublantes correspondances entre le texte de cet écrivain allemand et le Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Il se convainc que cet écrivain est celui qui a sans doute inspiré Bernardin de Saint-Pierre pour son roman.

     Au fil de son enquête, il rencontre plusieurs personnages, qui vont du professeur d’université au graphologue en passant par un germaniste et qui essaient de l’éclairer sur ledit écrivain.

     Fort de la conviction qu’il s’est forgée, il réalise son film et remporte le concours de documentaire dans lequel il révèle que Bernardin de Saint-Pierre n’est qu’un habile plagiaire ; alors, tout le mythe mauricien s’effondre comme un château de cartes.

     Mais à la fin, il divulgue à son ami qu’en fait tout cela n’est qu’une habile mystification dont il est l’auteur. En effet, c’est lui-même qui a rédigé le texte qu’est censé avoir signé cet écrivain allemand et c’est encore lui qui a fabriqué de fausses preuves uniquement en vue de réaliser un documentaire choc.

     L’histoire se termine, un peu à la manière de L’Education sentimentale de Flaubert, sur les deux amis trinquant ; l’un savourant son ingénieux stratagème et l’autre désespéré de s’être fait ainsi manipulé mais qui - en tout cas c’est ce que laisse penser la dernière scène - gardera le silence.