« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Thursday 24 March 2011

Et si… Toutankhamon n’était pas mort à 18 ans ?

Et si… Toutankhamon n’était pas mort à 18 ans ?

Certaines civilisations sont si éloignées de nous qu’elles ont l’air de venir d’une autre planète. Si on prend la civilisation romaine ou grecque, on peut trouver des liens d’affiliation avec la nôtre, mais la civilisation égyptienne elle, de part ses coutumes, ses habits, ses mœurs, ses représentations et monuments, et même le physique de ses personnes, est à des années lumières de notre héritage culturel et moral.

Sauf peut-être pendant le règne d’Amenhotep IV, plus connu sous le nom d’Akhenaton ! Avant la cinquième année du règne de ce pharaon de la huitième dynastie, pas grand-chose le distinguait de ses prédécesseurs, mais un beau jour, victime sans doute d’une épiphanie dont seuls en sont capables les grands visionnaires ou alors, thèse moins romantique, pour des raisons politiques, comme en sont capables les petits hommes, il décida d’abandonner le polythéisme traditionnel égyptien pour un monothéisme approximatif (un peu à la manière du christianisme qui n’est pas un pure monothéisme à cause de la doctrine de la trinité) autour de la figure d’Aton, le disque solaire (qui ne serait en fait qu’une émanation, on pense aux hypostases de Plotin, et incarnation de ‘Rê-Horakhtym’, ce qui à nouveau nous renvoie au christianisme avec le fils et le Saint-Esprit). Dans les faits toutefois, nous aurions plutôt affaire à une sorte d’hénothéisme, où plusieurs Dieux sont révérés mais il y en a un qui occupe un rôle proéminent entre tous les autres.

Ce culte n’aura duré que le temps du règne de ce pharaon, c’est-à-dire pendant 17 ans environ. Après cela, pendant le règne du prochain pharaon, dont le monde connaît le nom uniquement à cause des ‘trésors’ découverts en 1922 par Howard Carter et Lord Carnavon, Toutankhamon, le culte d’Aton sera considéré comme une hérésie et les prêtres essaieront d’effacer toute trace de son existence. La nouvelle capitale, Akhetaton, est délaissée pour se rétablir à Thèbes et ensuite à Memphis.

Le jeune pharaon succède à sa sœur ainée et monte sur le trône sous le nom de Toutânkhaton ; mais son jeune âge l’empêche de s’imposer et c’est un certain Aÿ, connu sous le titre de ‘Père Divin’ et le général Horemheb règnent à sa place. À la mort de Toutankhamon, les deux lui succèdent tour à tour. Pendant cette période de corégence, l’ancien culte amonien est rétabli.

Selon certaines hypothèses, notamment émises par l’égyptologue français Nicolas Grimal, déjà sous le règne du père d’Akhenaton, Amenhotep III, commençait une ‘solarisation’ des principaux dieux égyptiens et celle-ci connu sont apogée quand son fils changea son nom pour se faire appeler « celui qui plait à Aton », Akhenaton (à ne pas confondre avec le chanteur du groupe de rap marseillais).

Selon Freud, dans son Homme Moïse et la religion monothéiste c’est ce culte qui serait à l’origine du judaïsme, et Moïse ne serait véritablement qu’un égyptien et non un hébreu « sauvé des eaux » et qui aurait continué à pratiquer le monothéisme et voyant que les hébreux partageaient un culte similaire au sien, décida de s’allier à eux. Après tout, n’est-ce pas Aaron qui parle aux hébreux ? Sans doute parce qu’un égyptien ne connaît pas leur langue !

Si cette hypothèse s’avère vraie, et que Toutankhamon n’eut pas disparu dans d’étranges circonstances et eut trouvé la force de faire perdurer le rêve de son père, il n’y aurait sans doute pas de judaïsme, du moins tel que nous le connaissons, et en conséquence, ni de christianisme ni d’islam.

Ainsi, ce jeune pharaon, dont le nom n’est connu qu’à cause de quelques babioles qui garnissaient sa sépulture, aurait pu changer la face du monde.

Aujourd’hui, c’est peut-être le disque solaire que nous adorions.

MKSabir

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