« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Thursday 24 March 2011

Et si… Henry VIII n’avait pas été un gros obsédé sexuel ?

Et si… Henry VIII n’avait pas été un gros obsédé sexuel ?

Chaque courant religieux connaît des dissensions plus ou moins grandes en son sein à un moment ou à un autre ; ce fut le cas pour le Judaïsme dont une des branches dissidentes a d’ailleurs donné naissance au Christianisme ; il en va de même pour l’Islam, qui peu après la mort de Mahomet a connu différents schismes ou comme l’Hindouisme d’où le Bouddhisme s’est détaché. Le premier schisme important du Christianisme est celle qui intervient entre Rome et Constantinople, entre l’église orientale de l’ancienne Byzance et l’église latine en 1054. Outre les différences religieuses et culturelles qui furent à l’origine du différend et de la séparation, un profond fossé théologique existait et qui peut se résumer sous le terme « filioque » qui signifie : « et du fils ». Ce terme fut ajouté au Symbole de Nicée par le concile Tolède III en 589 : « Credo in Spiritum Sanctum qui ex patre filioque procedit », c’est-à-dire : Je crois en l'Esprit-Saint qui procède du Père et du Fils. Par le fait qu’elle traduisait une conception occidentale de la trinité, elle fut rejetée par le patriarche de Constantinople.

Comme souvent, les plus grands schismes n’interviennent pas pour des raisons religieuses mais pour des raisons politiques et d’accession au pouvoir. Tout comme la mort de Mahomet donnait naissance au courant chiite, qui provient de l’expression arabe Chiat Ali, et qui signifie « les partisans d’Ali », ce dernier étant le beau-fils du prophète des musulmans et qui allait devenir le quatrième calife, mais qui en réalité découlait uniquement d’une lutte pour le pouvoir, il en va de même pour les origines du Protestantisme et illustre les raisons pour lesquelles certains pays ont adopté la réforme. L’Angleterre n’épousa la réforme que parce que le pape Clément VII refusa d’annuler le mariage du roi Henri VIII avec Catherine d’Aragon.

C’est donc grâce à, ou à cause de, c’est selon, d’une femme que l’Angleterre coupa le cordon ombilicale d’avec la papauté et épousa la doctrine protestante.

De tout temps, il y eut des gens qui ont voulu purifier leur religion. Un certain Yehoshuah Nazareth, en 30 de notre ère, en Galilée, a voulu épurer le Judaïsme ! Cinq siècles plus tôt, un gars, Siddharta Gautama, se révolte contre le système des castes dans l’hindouisme et le cycle sans fin des réincarnations. Le 31 octobre 1517, un moine augustin publie dans la ville de Wittenberg, en Allemagne, 95 thèses qui vont ébranler la chrétienté à jamais.

Sans Luther, et surtout sans Henry VIII et ses passions amoureuses, pas de guerre du Vietnam, d’Irak ou d’Afghanistan.
Ce sont les pilgrim fathers venant de l’Angleterre qui fondèrent la nation américaine, et à la base de cette triste naissance se trouve la conviction fanatique que l’Amérique a été choisie par le Très-Haut pour être le phare du monde. La géopolitique états-unienne dérive directement de la doctrine protestante de « l’élection » ; et c’est bien à cause de cela que les néoconservateurs américains se sentent proches d’Israël puisque les deux se basent sur l’Ancien Testament alors que les Catholiques préfèrent eux le nouveau.

Pour l’anecdote, rappelons que c’est le roi d’Angleterre (1509-1547) qui inspira, en partie (avec Gilles de Rais) le personnage de Barbe Bleue, puisque de ses six épouses, il en fit décapiter deux, Anne Boleyn et Catherine Howard.

Enfin, et ironie suprême de l’histoire, alors que le puissant roi à l’embonpoint généreux désirait hardiment un fils d’Anne Boleyn pour lui succéder, c’est leur fille, Elizabeth, qui allait devenir un des plus grands souverains d’Europe.

L’histoire est joueuse.

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