« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Wednesday 23 March 2011

ET SI... Dieu n'Existait pas ?...

Epicure nous dit que la présence ou non-présence des Dieux est insignifiante puisque ceux-ci ne s’occupent pas de nos affaires. Mais comme la nature a horreur du vide, à quoi pourraient bien servir des Dieux qui ne seraient que de simples spectateurs ?
Beaucoup de soi-disant athées ne jurent que par cet imposteur de Richard Dawkins et sa bible laïque The God delusion. En 420 pages (c’est le nombre de pages que compte mon édition anglaise), Dawkins veut réfuter cette proposition de l’un des frères Karamazov (Ivan) : si Dieu n’existe pas, alors tout est permis !
Pour l’éthologiste et biologiste britannique, une morale peut perdurer quand bien même on aurait démontré l’inexistence de Dieu. Mais le Dieu auquel s’attaque Dawkins est le Dieu à la grande barbe que l’on voit sur les peintures de la renaissance. Il est bien trop facile de combattre ce Dieu-là. Quand on se prétend véritablement athée, il faut se trouver des adversaires à sa mesure ; c’est par la férocité de ses adversaires que l’on juge de sa valeur. Alexandre refusait d’attaquer l’armée de Darius la nuit, parce qu’il ne voulait pas « voler » sa victoire sur le souverain perse.

Le Dieu auquel doit s’attaquer un véritable athée, ce n’est pas celui que représente Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine ! Non, c’est plutôt le Dieu de Platon, celui-là même qu’héritera Saint-Paul et ensuite Robespierre, avec son culte inepte de l’être Suprême, tous deux étant le digne successeur de ce pédéraste qui inventa l’Académie.
Tous ces grands personnages que l’on cite généralement comme athée, tels Voltaire, Schopenhauer, ou beaucoup de ces clowns des ‘Lumières’ sont en fait d’hypocrites obscurantistes qui n’ont pas le courage de faire table rase des axiomes moraux et d’aller jusqu’au bout de leur logique ; si vous cherchez de véritables ‘incroyants’, c’est chez Stirner, Sade, Diderot ou encore dans la filmographie du réalisateur français Bruno Dumont, dont les films nihilistes tels Flandres ou Twentynine Palms sont dérangeants puisqu’ils mettent en scène des personnages sans aucun but, qu’il faut fouiller !
Il y a religion dès qu’il y a transcendance. Dans le tableau de Raphael L’Ecole d’Athènes, on aperçoit au centre Platon et Aristote conversant, le premier pointant l’index vers le ciel, signe qu’il existe des idées universelles, le second dirigeant le doigt vers le sol signifiant ainsi qu’il n’y a que le monde d’ici bas qui existe.
Dès que l’on dit : « je t’aime », ou « ceci est beau, la ‘démocratie’ c’est bien, il faut respecter les ‘droits de l’homme’ ou encore qu’il existe des valeurs ‘universelles’, que l’on est ‘patriote’ ou qu’il faut protéger notre ‘mère la terre’ », l’on est automatiquement un croyant, mais le pire des croyants, car c’est un croyant qui ne dit pas son nom, qui s’est débarrassé du mot pour se faire chair avec le concept, un croyant qui avance masqué, comme ce pitoyable Descartes qui osait parler d’esprit géométrique mais qui s’agenouillait quand même pour prier ou encore ce pathétique Pascal, qui nous donne le calcul intégral avant Newton mais qui lors de la « nuit de feu » sent Dieu parler dans son cœur.
À quoi peut bien servir un cœur quand on a une double portion de cerveau ?
En fait, la véritable question n’est pas : et si Dieu n’existait pas ? mais bien plutôt quelles conséquences tirer de la non-existence d’une puissance supérieure et de morale transcendantale ?
LA seule conséquence logique possible est d’assumer qu’on est libre… mais c’est un bien trop lourd fardeau.
Dieu existe donc… parce que l’homme n’existe pas.

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