« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Thursday 24 March 2011

Et si… Gengis Khan n’était pas mort en 1227 ?

Et si… Gengis Khan n’était pas mort en 1227 ?


C’est l’histoire d’un jeune garçon qui avait peur des chiens… et qui allait devenir le plus grand conquérant de l’histoire de l’humanité.

Certains protesteront et diront que je passe un peu vite aux oubliettes des noms comme Alexandre le Grand, Jules César, Napoléon ou bien même Hitler. Je répondrai que leurs protestations émanent en fait d’un eurocentrisme proche du racisme. Ils considèrent en effet que les seuls chefs militaires qui comptent sont des occidentaux et que les autres ne sont que de vulgaires seigneurs de la guerre, brutaux et sanguinaires, et qui ne méritent pas de figurer dans les livres de l’histoire sous prétexte que les territoires qu’ils ont conquis étaient peuplés de sauvages incultes.

Sauf que ces sauvages incultes, au moment où l’Europe était plongé dans un moyen-âge culturel et bâtissait de vulgaires petits hameaux, l’Empire Aztèque érigeait une cité abritant 500,000 âmes, et qu’un certain Temujin, dont l’histoire se rappellera sous le nom de Gengis Khan est sur le point de conquérir le plus vaste étendu de territoires que l’histoire ait connu.

Il nait en 1127, près du lac Baïkal en Russie et à l’âge de 13 ans succède à son père comme chef de sa tribu.

Celui qui parvint à percer la grande muraille de Chine comme un couteau dans du beurre devint en 1206 maître de toute la Mongolie après avoir réussi à unir des peuplades qui depuis des centaines d’années se faisaient la guerre. Il reçoit ainsi le nom de Gengis Khan qui signifie en langue tatare précieux Dieu de la guerre.

Gengis Khan fut, à coté du génie stratège que l’on connaît, aussi un grand réformateur. Il peut être rapproché de Napoléon au sens où lui aussi a donné à son peuple un système législatif complexe (Yassa); ce faisant il le sort de l’état de nature, comme dirait cet empafé de Rousseau, pour pénétrer la civilisation.
Plutôt paradoxale pour un ‘barbare’ !

Le Khagan, c’est aussi la grandeur d’âme… celle en tout cas que l’on peut prêter à un chef militaire. Après que son frère juré l’ait trahi et que celui-ci se sauve après que Gengis Khan eut remporté sur lui la bataille finale, il est capturé par ses propres hommes et apporté devant le chef mongole. Celui-ci, au lieu de se venger, décide plutôt de ‘remercier’ ceux qui le livrèrent en les faisant exécuter, et il propose à Djamuqa d’oublier les rancunes du passé et de combattre à ses côtés.
Cet épisode n’est pas sans rappeler deux autres dans l’histoire des grandes confrontations militaires : Alexandre qui donnent les honneurs à la dépouille de son ennemi perse, le roi Darius III et décident l’exécution des propres hommes du souverain perse qui l’avait trahi et assassiné, et Saladin qui lors d’une bataille contre Richard Cœur de lion, voyant celui-ci se faire désarçonner par son cheval, au lieu de profiter de l’occasion pour en finir complètement avec lui, ordonne à un des ses hommes de lui donner un nouveau cheval afin qu’il puisse continuer de combattre.

Au moment de sa mort, Gengis Khan avait conquis la presque totalité de l’Asie et prévoyait d’étendre ses conquêtes à l’ouest, vers l’Europe. On voit mal l’Occident résister aux hordes mongoles qui, grâce à la technique de pouvoir tirer à l’arc en montant à cheval ont pu venir à bout de tous leurs ennemis.
Ainsi, sans une malheureuse chute de cheval, nous parlerions sans doute aujourd’hui, non une langue européenne, mais une langue mongole, et ce ne sont pas les religions du désert que la majorité du monde suivrait mais plutôt une sorte de chamanisme.

Gengis Khan n’était pas un tyran sanguinaire ; il ne faut pas tomber dans le piège d’analyser les événements passés à l’aune de nos valeurs modernes. Sans quoi, nous n’étudierions plus Aristote, qui était pour l’esclavage ou Heidegger, qui était antisémite.

Les valeurs, les religions, la morale, tout passe.

Seuls certains noms survivent à l’histoire. Gengis Khan est de ceux-là.


MKSabir

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