« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Wednesday 23 March 2011

Clausewitz, reviens ! Ils sont devenus fous !

C’est une raison à la fois psychologique et pragmatique qui pousse les Français à prétendre qu’ils ne sont pas en guerre ; d’une part c’est une litote que de parler « d’opérations militaires » et non de « guerre », le dernier terme étant traumatisant ! et d’autre part, avouer que nous sommes en guerre c’est donner le statut de belligérant à l’autre et qu’il puisse ainsi, d’abord, s’abriter derrière les conventions de Genève, et ensuite, procéder lui aussi à des frappes, y compris sur les territoires de ses adversaires, tout comme Hannibal l’avait fait lors de la seconde Guerre punique quand il avait porté la guerre jusqu’aux portes de Rome (et Scipion l’imitant ensuite).
Mais il ne faut pas se leurrer, la France, la G-B et les USA sont effectivement en guerre (une de plus) en Lybie.
Et il faut cesser de mettre en avant les raisons humanitaires de cette GUERRE. Pour éviter les pertes civiles, il faudrait envoyer des troupes au sol ; mais les forces de la coalition s’y refusent, s’abritant derrière le fallacieux prétexte qu’elles ne veulent pas passer pour une puissance occupante ; la vérité est qu’elles veulent épargner la vie de leurs soldats quitte à causer des « dommages collatéraux ». Toutes les vies ne se valent pas.
Et quand la coalition affirme qu’aucune guerre n’est propre pour justifier la perte de vies civiles, quand un président ou un général viendra-t-il déclarer : « Oui, en effet, des enfants sont morts, des civils ont été tués, mais c’est LE PRIX À PAYER ! » ?
Enfin, on prétend que cette guerre est « légale » car approuvée par le Conseil de Sécurité… si le Conseil de Sécurité (cette oligarchie raciste) avait quelque légitimité morale, cela se saurait ! Quid des résolutions contre Israël (oui, on avance souvent cet argument, tout simplement parce qu’il est approprié) ? Aussi, ou étaient les interventions militaires contre la Russie à propos de la Tchétchénie ou de l’Ossétie du Sud, contre l’Afrique du Sud pour l’apartheid, contre la Chine pour le Tibet, et la liste est loin d’être exhaustive !
On veut engager la responsabilité pénale internationale de Kadhafi, mais quid de celle de Kissinger, de Blair, de Bush… comme par un heureux hasard, ce ne sont que des Africains, des Slaves, des Asiatiques ou des Arabes qui sont poursuivis sur le plan international !

Un peu de courage intellectuel et d’honnêteté morale que diantre !

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