« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Et Si...

   À en croire Cicéron, ne pas savoir ce qui s’est passé avant notre naissance, c’est demeurer à tout jamais un enfant. Ainsi, la connaissance de l’histoire nous éclaire non seulement sur ce que l’on est, mais aussi sur ce que l’on est à même de devenir.

   Mais que ce serait-il passé si l’histoire avait été différente ? Si Hannibal, en 216 avant notre ère, après la bataille de Cannes, avait pris Rome ? Si Jeanne d’Arc n’avait pas pris Orléans en 1429 ? Ou encore, si le débarquement allié du 6 juin 44 ne s’était pas déroulé comme prévu ? Dans quel monde vivrions-nous alors aujourd’hui ?

    Philip K. Dick, dans son roman Le Maître du Haut-Château a visité une telle uchronie, dans laquelle les pays de l’Axe l’avaient emporté sur les alliés.

  C’est, à notre mesure, ce que nous allons essayer d’explorer, car rappelons-nous ce qu’écrivit Pascal dans ses Pensées : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ».

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