« Un peu de mon corps est passé dans mon texte. » - Montaigne



L’activité d’écrivain est pulsion de mort, et l’écrivain est un être-pour-la-mort. On se dépouille soi-même pour créer d’autres soi-même, que ce soit de la littérature de fiction ou des idées.

Toute littérature est littérature de fiction, de friction. Le lecteur se frotte à l’auteur. Ce dernier doit le démanger. C’est comme dans la tectonique des plaques ; c’est le glissement entre une plaque supérieure et une plaque inférieure qui fait dériver les continents du lecteur et de l’auteur. Et l’on reconnaît que c’est puissant, quand cela donne lieu à des éruptions volcaniques ou des raz-de-marée dans la tête du lecteur.



Certes, le lecteur préfère parfois des mers calmes pour naviguer ; cela est plus propice aux rêves. Il choisira ainsi plutôt d’embarquer à bord de l’Hispaniola avec Jim Hawkins et aller à la recherche d’un trésor bien réel en espèces sonnantes et trébuchantes au lieu de grimper sur le Pequod du capitaine Achab en quête d’une obsession métaphysique.

Quant à l’auteur que je suis, j’invite le lecteur, je le contrains même, à un voyage cauchemardesque et je lui cris : Chassons-la cette maudite baleine blanche !

Ne m’appelez pas Jim Hawkins… Appelez-moi Ishmael !



La sodomie est l’acte sublime par excellence car il vient bousculer les trois monothéismes qui ont sacralisé l’acte sexuel et en ont fait une téléologie en vue de la procréation.

La sodomie incarne la « surprise », un phénomène violent à la dérobée.

Il faut prendre le lecteur par derrière et la lui mettre bien profond.


Friday, 1 April 2011

When Harry met Sally

Depuis la première fois que j’ai vu le film de Rob Reiner, à chaque fois que je me rends dans un restaurant, je me demande si la fille à l’autre table est sur le point d’avoir un orgasme !

Un film ne passe pas toujours à la postérité pour son contenu profond, pour son jeu d’acteur réaliste mais le plus souvent parce qu’il contient des scènes cultes. Pensons, par exemple, la scène dans Reservoir Dogs, où Mr. Blonde, le personnage interprété par Michael Madsen, coupe l’oreille du policier qu’il a capturé en écoutant « stuck in the middle with you » et veut ensuite lui mettre le feu.
Rappelons-nous aussi la scène finale de Rencontre du troisième type quand l’équipe scientifique jouent un motif musical de cinq hauteurs en mode majeur afin d’essayer de communiquer avec les extraterrestres.
Souvenons-nous enfin de ce chef-d’œuvre de Mel Gibson (mais qui foisonne toutefois d’anachronismes), Apocalypto, où les captifs sont donnés en sacrifice au peuple maya.

Cette comédie avec Billy Crystal et Meg Ryan, contient aussi un dialogue culte, où Harry Burns (Crystal) développe sa théorie selon laquelle il ne peut y avoir d’amitié entre hommes et femmes parce que l’attraction sexuelle fera tôt ou tard son apparition… à moins bien entendu que la femme soit un boudin et que le mec ressemble à un tableau de Picasso.

J’ai souvent exposé cette théorie aux femmes que j’ai rencontré mais rares sont celles qui ont été enclines à l’accepter, tant elles étaient corrompues par le politiquement correcte et la moraline !

Comme souvent, ce n’est pas tant l’histoire qui compte, mais la narration, c’est-à-dire la manière de raconter l’histoire et l’approche qu’adoptent les personnages par rapport aux événements auxquels ils sont confrontés. Dans le film de Reiner (notons que celui-ci a été « victime » d’une caricature dans South Park qui était autant assassine qu’elle était jouissive) un homme (Harry) qui aspire à devenir politicien rencontre de manière récurrente, au fil du hasard (mais le film laisse suggérer plutôt une sorte de destinée comme, si on ose se permettre une telle comparaison, l’on peut en trouver chez Kundera) une femme (Sally), qui elle veut devenir journaliste. Au fil des années, une amitié profonde se développe entre eux deux… jusqu’au jour où ils finissent par coucher ensemble.

Comme chez Woody Allen, la ville de New-York est un personnage en lui-même. Une ville aux liens distendus entre les individus mais, où en même temps, chacun aspire à se rapprocher de l’autre… vainement.

Ce film aurait pu être une comédie sentimentale parmi bien d’autres. Ce qui le range parmi les classiques du genre, c’est le jeu des acteurs et la précision des dialogues qui font souvent mouche.

À noter, que le titre en anglais se conjugue au passé (« met ») alors qu’en français ils se « rencontrent ». De là à y voir une allusion bergsonienne de l’entremêlement temporel serait peut-être exagéré.

Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand

Il faut deux livres pour apprendre à bien parler : le premier c’est la Rhétorique d’Aristote et le second, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand.

Cyrano fait partie de ces personnages qui domine la littérature de part leur stature ; il côtoie à ce titre un Hamlet, un Achab ou encore un Julien Sorel.
Cyrano fait partie de ces hommes, pour paraphraser Marc-Antoine dans le Jules César de Shakespeare, devant la tombe de laquelle la nature elle-même se dresse pour crier : il fut un homme !
Enfin, Cyrano fait partie de ces œuvres qui éclipsent leurs auteurs, au même titre que le Frankenstein de Mary Shelley ou le Moby-Dick de Melville.

Le mot « théâtre » vient du grec qui veut dire voir. Et s’il y a bien une pièce qu’il faut voir plutôt que de lire, c’est bien celle-ci. Cyrano n’est pas un personnage en papier. Il est fait de chair et de sang. Il est animé par la passion. Il est jaloux, colérique, tendre et fataliste.
Il laisse à ce médiocre Jean Baptiste Poquelin la paternité de certains de ses dialogues. Laisse à Christian le soin d’être aimé de Roxane. Il laisse cette vie de médiocrité pour monter vers la lune opaline, y retrouver Socrate et Galilée.

Tout est magnifique dans la pièce, et c’est assez rare pour le souligner. Pas une ligne est à retrancher, du début, quand il prend à partie Montfleury, jusqu’à la fin, quand il remercie Roxane d’avoir été cette robe qui a passé dans sa vie. Et tout mon sang se coagule en songeant qu’on puisse y changer une virgule.

Cyrano est une fine lame et qui toujours à la fin de l’envoi, touche ! Mais en fait, c’est un poète, un romantique, égaré au pays des mousquetaires, tout comme Averroès était un grec égaré en pays musulman. Il ne recherche pas de protecteurs, comme tous ces laquais, de Virgile à Voltaire. Lui, concède à ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !

Pièce en cinq actes écrit en 1897 par Rostand, qui abandonna le droit pour le théâtre, l’auteur, natif de Marseille, se démarque de la tradition réaliste de l’époque pour accoucher d’une radicale romance historique se déroulant au milieu du 17ème siècle. Le véritable Cyrano a réellement existé, il était un écrivain français, libre-penseur comme on disait à l’époque, c’est-à-dire porté vers l’athéisme et a écrit entre autres une Histoire comique des États et Empires de la Lune à laquelle Rostand rend hommage quand il fait ‘tomber’ Cyrano de la lune pour intercepter le comte de Guiche.

Cyrano n’est pas une histoire d’amour. Ce n’est pas ‘amour’ que d’aimer en secret ; et il est assez paradoxal, que cet homme, qui fait tout en public, qui n’existe que pour que les autres l’admirent, aime en secret, aime par le biais d’un autre. À croire qu’il avait plus honte de ses sentiments que de son nez… Cyrano n’aime pas Roxane. Cyrano n’aime pas la gloire. Il n’aime même pas son verbe ni même sa lame… Cyrano n’aime tout simplement pas ce monde. Il en aime juste ses images, mais il aspire à autre chose, à plus loin… à la lune.

C’est lui qui est ‘responsable’ de l’introduction du mot « panache » dans la langue anglaise. Et c’est justement ce qu’il emporte dans l’autre monde, « sans un pli et sans une tache’… son panache !

Quand c’est aussi beau, ça en devient grand.


MK Sabir

Le Pavillon d’or, de Yukio Mishima

    Yukio Mishima, figure nietzschéenne par excellence, a voulu écrire comme il vit et vivre comme il pense.

     Pour saisir l’œuvre, il faut d’abord comprendre l’homme. Quand Heidegger enseignait Aristote à ses étudiants, en faisant la biographie du Stagirite, disait seulement ceci : il est né, il a vécu et il est mort. Si la vie d’Aristote était dépouillée d’événements manquants, on ne peut en dire autant de Kimitake Hiraoka, celui-là même qui choisira le pseudonyme de Yukio Mishima.
     Déjà, ce premier fait est marquant, puisqu’en prenant un pseudonyme un écrivain se dédouble, se crée une sorte de doppelgänger. Mais Mishima se refuse à cohabiter avec son double originel ; pas de concessions chez lui, il élève sa vie en œuvre d’art, dès lors, sa vie d’artiste sera indissociable de celle de sa vie d’homme, la première n’étant qu’une sorte de préface à la deuxième.
 
     Toute son œuvre fait la part belle au couple Eros-Thanatos ; en ce sens, on peut le comparer à un Georges Bataille… avec le panache en plus.

      Faisons un saut de quatre décennies et arrivons à sa mort, sa mort qui le rend immortel. Il meurt de la même manière qu’il a vécu, en se mettant en scène. Il se fait seppuku après un putsch manqué contre une base militaire. Putsch manqué mais effet réussi. Car ce qui lui importait ce n’était pas tant de rendre sa dignité à l’empereur du Japon – cela n’était qu’un prétexte – mais de se posséder lui-même. D’être l’auteur de sa propre vie et non pas un simple personnage oblomoviste comme s’en contentent le commun des mortels.

     Arrivons-en maintenant à ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale et, à mon sens, le plus grand roman du vingtième siècle (j’entends déjà crier certains au scandale… Quid en effet de Ulysses de Joyce ou encore du Voyage au bout de la nuit de Céline ? Mais ceux-là ne se sont livrés qu’à un exercice de style, certes grandiose, mais un exercice tout de même. Mishima, lui, dans ce livre, comme dans les autres, s’est posé en véritable artiste, et a tenté, non sans succès, d’exorciser l’angoisse liée à la connaissance que l’on va mourir).

     C’est l’histoire d’un jeune moine qui décide (ce mot est important, car contrairement à l’impression que l’on pourrait avoir à la lecture du livre, il n’est pas « possédé » par une puissance supérieure qui lui dicte ses actes ; à l’instar de l’auteur, il PENSE- en effet, le roman est jalonné de kōan, sorte de courtes phrases absurdes et paradoxales qui sont censées conduire jusqu’à l’éveil) d’incendier le temple de Kinkaku-ji de Kyoto.

     La raison d’un tel geste ?

     Le temple était trop beau.

     Lisez… et vibrez.

PARSIFAL, de Wagner

PARSIFAL, de Wagner

De tous les compositeurs, aucun ne m’a influencé autant que Wagner, et de tous les opéras de Wagner, aucun ne m’a touché plus que Parsifal.

Wagner est l’homme de toutes les démesures, de tous les paradoxes et de toutes les incohérences. Ni sa vie, ni son œuvre ne constitue un bloc monolithique ; il a voulu les plaisirs de ce monde comme ceux plus transcendantaux de l’art. Son œuvre est perpétuellement traversée par les événements de sa vie et se déforme au gré de ceux-ci. Pour Ludwig Van par contre, il y a la musique. Et il n’y a qu’elle (même si une fois, il y eut autre chose… mais ceci est une autre histoire). Ainsi, une de ses incohérences a voulu qu’il croit se rapprocher le plus de Schopenhauer, son maître en philosophie, en créant ce Parsifal… mais d’une certaine façon, il y a réussi, du moins, aux yeux de son ancien ami, Nietzsche qui, ayant pris ses distances à la fois avec le penseur de Francfort et le maître de Bayreuth a vu dans Parsifal une véritable abomination.

Je comprends Nietzsche. Et je comprends Wagner. C’est une grande malédiction que de pouvoir comprendre tout le monde, car cela crée à la fois une intimité et une distance toutes deux aussi insupportables l’une que l’autre. Et cela me fait penser, transition facile puisqu’on a parlé de Schopenhauer plus haut, à la théorie de la politesse de celui-ci, aussi appelée la ‘métaphore des hérissons’ : les hérissons doivent se tenir à la bonne distance les uns des autres afin, à la fois assez proches pour ne pas avoir froid en hiver et pouvoir se réchauffer au contact de l’autre, mais aussi en même temps assez loin pour ne pas se piquer les uns les autres.
La politesse, c’est la grande incompréhension de l’Autre.

Nietzsche a lui aussi nourri des sentiments paradoxaux pour Wagner et son œuvre, et cela est surtout flagrant vis-à-vis de cet « abominable » Parsifal ; il écrit à propos du dernier opéra de Wagner : « Il y a des choses semblables chez Dante et nulle part ailleurs ». On a souvent considéré cette phrase comme une appréciation de cet opéra… mais c’est mal connaître celui qui « philosophe avec un marteau ». Comment en effet penser que comparer une œuvre à la Divine Comédie soit un compliment pour l’homme qui annonçait la « mort de Dieu » ?

Mais en même temps, après en avoir entendu pour la première fois le prélude à Monte-Carlo en janvier 1887, il écrit dans une lettre à son ami Peter Gast : « (…) Wagner n’a-t-il jamais écrit quelque chose de mieux ? » et un mois plus tard, il écrit à sa sœur : « Je ne peux pas y pensé sans être violemment secoué, tant cette musique m’a élevé et ému », et enfin, on peut lire dans Le cas Wagner : « j’admire cette œuvre, j’aurais voulu l’avoir écrite moi-même ». Si Nietzsche était un Surhomme en philosophie, il resta un homme en amour, et jamais a-t-il aimé personne plus qu’il a aimé Wagner, c’est pourquoi, jamais il n’a pu en parler ‘sincèrement’ et calmement. Car l’amour n’est pas calme.
Jamais l’amour ne permet d’être objectif… mais Hölderlin est moins pessimiste que moi, puisque pour lui : qui pense le plus profond aime le plus vrai.

Je m’aperçois que j’ai déjà écrit près d’une page sans véritablement parler de l’opéra sur lequel j’étais censé écrire. Je souffre en effet beaucoup de ce mal dont souffrent ceux qui sont passionnés par leurs sujets : la digression.

Dans Parsifal, Wagner tourne le dos à toute son œuvre passée, à toute la mythologie germanique et païenne qui l’a depuis toujours bercé. Plus de Valkyries, plus de dragons, plus de héros homériques qui luttent contre les Dieux et contre leur propre destinée dans une vaine tentative d’être plus qu’un homme.
Parsifal n’est pas un héros, il est même la figure de l’antihéros. Il est ‘innocent’, naïf, et même parfois un peu bête. En somme, il est chrétien, au sens où les derniers seront les premiers. Il ne veut pas ce qui lui arrive, il est l’instrument de forces au-dessus de lui dont il ne fait qu’interpréter la volonté, sorte de prophète, car on le sait, tout bon prophète ne veut pas être prophète, il est choisi en dépit de lui-même.

Mais si cet opéra tourne la page avec tout ce que Wagner a précédemment fait, ce n’est pas pour épouser la doctrine chrétienne de la rédemption. Je ne peux pas le croire, je ne veux pas le croire, et peut-être qu’aveuglé par cette conviction, je déforme les véritables propos du compositeur, mais comme on le sait depuis la physique quantique (depuis bien plus longtemps en fait, depuis Berkeley), l’observateur ‘déforme’ le sujet observé.

Basé sur les romans de Wolfram Von Eschenbach et de Chrétien de Troyes, Wagner parvient à transcender leurs proses grâce à son wortondrama, une unité parfaite entre les mots et la musique, cette musique qui, au moment de l’ascension de Parsifal jusqu’au Graal vous submerge. Une note plus rapide suit une note plus longue et abouti elle-même sur une note plus longue et ainsi de suite, permettant au spectateur d’avoir l’impression de gravir les cimes tant terrestres que spirituels avec le jeune chevalier.

Mais que veut nous dire au juste Wagner ? Il ne le sait pas lui-même. J’ai le romantisme de penser que les œuvres transcendent leurs auteurs. Il sait juste que quelque part, il y a une question à poser, mais il ne sait encore au juste laquelle, et sans doute ne l’aura-t-il jamais su. Et c’est pourquoi, lors de la présentation du Graal au château de Montsalvat, le fait que Parsifal ne pose pas ‘la’ question, le roi Amfortas ne sera pas guéri.

Wagner, vers la fin se fourvoie. Cela me peine de le dire, mais il ne sait pas toujours finir ses opéras, gangréné qu’il est par la volonté de rendre son propos grandiose.

Mais il sait commencer. Et Parsifal commence par ces mots que Gournemans, le doyen des chevaliers adresse à des écuyers : « Allons, réveillez-vous dormeurs ! »


 MK Sabir

L’empire des sens

Depuis l’antiquité grecque jusqu’à Georges Bataille, Eros et Thanatos, le sexe et la mort, sont intimement liés.
D’ailleurs, n’appelle-t-on pas l’orgasme la ‘petite mort’ ? La mort, comme le sexe, est une sublimation de notre condition de mortels.

Un film en particulier a su retranscrire, avec une troublante fidélité, les ébats de ce couple fatal, L’empire des sens. Le titre japonais est Ai no corrida, textuellement, la corrida de l’amour. La métaphore est juste puisque c’est à un véritable combat, qui s’achèvera par la mise à mort de l’un d’entre eux, auquel se livre les deux amants, Sada Abe, une ancienne geisha et Kichizo qui, dans ces ‘amours de fauves’ y perdra la tête… et la bite !

Ce film japonais, de Nahisa Oshima, sorti en 1976, resta pendant longtemps interdit dans certains pays puisque le sexe n’y est pas simulé. Les personnages ne jouent pas à faire l’amour. Ils font l’amour. Alors que pour les gens en général, ils ne baisent pas, ils ‘jouent à baiser’.

Inspiré d’un fait divers authentique qui se déroula au Japon en le 18 mai 1936 et où une femme coupa le pénis de son amant et se trimballa avec dans  les rues d’Ogu, le film montre comment deux personnes font fi des conventions sociales pour aller jusqu’au bout de leur logique qui est, non pas sexuelle (le sexe n’est que le moyen) mais métaphysique.

Selon Saint-Augustin, l’on ne peut pas faire confiance à nos sens. Dans le film d’Oshima, au contraire, ce sont les sens qui deviennent l’horizon de l’être. Le voile de cette illusion qu’est la réalité est levé et le couple va au-delà du principe du plaisir. Hesse l’avait déjà bien illustré dans Narziss und Goldmund où ce dernier en voyant la douleur sur le visage d’une mère qui met au monde un enfant fait le parallèle avec le plaisir qu’éprouve la femme au moment où elle jouit. Ce qu’Oshima a essayé de rendre compte dans le film, c’est que douleur et plaisir se réduisent tous deux à des sensations physiologiques, et celles-ci nous révèlent l’existence. Le film décrit un monde où l’empire des mots s’évanouit (leurs dialogues sont presque inexistants laissant place à un silence angoissant), et où l’emprise du langage expire, ce qui est aussi le corollaire à la disparition de toutes normes, quelles qu’elles soient… la fission du mot est aussi puissante et dévastatrice que la fission de l’atome (au japon cette comparaison est d’autant plus prégnante): les deux amènent à rien de moins qu’à la destruction de la réalité !

Les protagonistes ne vivent pas dans un monde chrétien où les idées platoniciennes règnent ; ils sont conscients qu’ils ont été Geworfenheit, comme dit Heidegger, « projetés » dans ce monde… un monde où il n’existe pas de vérités et de morales universelles, mais où la vérité est aletheia… « dévoilement » de notre être. Aujourd’hui, contrairement à l’époque de Freud, ce n’est plus la sexualité qui est refoulée, mais la « volonté de puissance »… Celle-ci est libérée par la fission du verbe, verbe qui se fait chair… en somme, c’est un peu un mélange entre l’évangile de Jean, et le livre de l’Apocalypse. On peut ainsi dire que le film décrit un microcosme post-apocalyptique et postmoderne… Post-apocalyptique car les protagonistes vivent dans un monde, leur monde, où toute norme est morte, et postmoderne car pour eux, les grands récits ont pris fin !

Il y a une vie après le sexe. Cela s’appelle la folie.

MK Sabir

Et si… l’homme n’avait jamais marché sur la lune ?

Et si… l’homme n’avait jamais marché sur la lune ?


Autant il est aisé d’imaginer les répercussions sur notre vie de tel ou tel événement, il est plus difficile de deviner les conséquences du fait que l’homme ait marché sur la lune sur notre quotidien…

Mais d’abord, l’homme a-t-il vraiment marché sur la lune ?
N’est-ce pas plutôt Kubrick qui aurait filmé toute la scène pour remercier la NASA de lui avoir prêté l’équipement nécessaire au tournage de son film 2001, l’odyssée de l’espace ?

Eh puis, n’est-ce pas troublant que le drapeau américain semble flotter sur cette célèbre photo… alors qu’il n’y a pas de vent sur la lune ?

La NASA elle-même avoue avoir « retouché » certaines images pour des besoins esthétiques ! Si elle est capable de cela, pourquoi ne pousserait-elle pas le zèle encore plus loin et aurait carrément monté ce canular ?

N’oublions pas aussi que Neill Armstrong n’a jamais donné d’interview au retour d’Apollo 11.

Ce qui serait inquiétant, ce ne serait pas de ne pas se poser de telles questions, mais au contraire, ce serait d’accepter la version que nous proposent les grands médias et les grandes puissances pour argent comptant !

Mais mon opinion personnelle (eh oui ! j’ose la donner !) c’est que les américains soient bien allés sur la lune mais qu’à cause de problèmes techniques ils n’aient réussi à filmer cet événement historique et qu’en conséquence la NASA ait décidé de retourner toutes la scène en studios… peut-être ceux de Pinewood !

Donc, partons du postulat que l’homme ait bien mis le pied sur la lune… et alors ? La lune a toujours inspiré les poètes, les romantiques et les amoureux, un drapeau planté sur son sol n’y change rien sinon peut-être la rend moins belle !

Mais la course à l’espace, tout comme la course à l’armement (les deux étant une quête de volonté de puissance) contribuent à la recherche scientifique, au développement de nouvelles énergies… mais surtout, elle nous permet de rêver !

On raconte qu’Alexandre le grand se lamentait qu’il n’y ait pas d’autres mondes afin qu’il puisse y étendre ses conquêtes… L’homme a un besoin irrépressible d’aller voir ailleurs… quel que soit le prix à payer. Il est allé sur terre, sur les mers, sous les mers, et maintenant c’est l’espace. Quand bien même il aurait tout à perdre, il ne pourra réfréner ses élans d’espace !

Sa prochaine destination : Jupiter et au-delà de l’infini ! 
  
MK Sabir

Des Ruminants (petit ode à la femme)

Des Ruminants
(petit ode à la femme)


Le 8 mars le pays a fêté la journée internationale de la femme… et ces mots de Schopenhauer viennent frapper à la porte de mon esprit : la femme est un animal aux cheveux longs et aux idées courtes.

Existe-t-il des femmes qui soient à la fois belles et intelligentes ?2
Assurément ! Puisqu’il existe bien des femmes moches et connes !

Les femmes veulent à la fois le beurre (influencées sans doute par un Dernier Tango à Paris) et l’argent du beurre ; réclamant les mêmes droits et acquis sociaux que les hommes, elles veulent toutefois que ces derniers fassent preuve de galanterie à leur égard ! En somme, l’égalité, oui ! mais teintée de fin amors !

Elles demandent bec et ongles le même salaire, les mêmes privilèges, mais tout en n’étant pas prêtes de se départir de tous ces petits avantages liés au deuxième sexe, tels les congés maternité, les petites attentions des hommes, se faire ouvrir la porte, qu’on leur cède nos places dans le bus, etc., et se plaisent et se complaisent dans ce mal qu’est le bovarysme.

L’argument souvent avancé par la gente féminine est qu’elle est lésée parce que la société dans laquelle on vit et dans laquelle on a toujours vécu est matriarcale ; cependant, il semble qu’elle s’en soit bien accommodée !

Alors, pourquoi de telles revendications ?
Il faut se tourner vers la théorie économique de l’offre et de la demande. Avec l’émergence de la société capitaliste, ce n’est plus la demande qui crée l’offre mais le contraire ; on désire une chose car elle est disponible, plus exactement car « On » (au sens heideggérien de das man) en parle !
Ainsi, un jour sont arrivées quelques femmes frigides et complexées, comme « le castor », et elles ont avancé des idées aussi saugrenues que « l’égalité » (poilant comme notion !) ou ont jeté des phrases péremptoires telles que : « on ne naît pas femme, on le devient », phrase qui n’est en fin de compte qu’un atavisme sartrien.

Quiconque sera familier avec la philosophie nietzschéenne saura que l’égalité n’est qu’un effet secondaire du christianisme et a gangrené toutes les sociétés pour laisser place à une « morale d’esclave » qui a fini par supplanter la « morale des maîtres » qui dominait alors et qui avait permis l’émergence des sociétés athénienne et romaine !

Donc, puisque ces théories féministes existaient, les femmes se sont dites : « Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! »
La théorie est là et « On » veut que la pratique la rejoigne, tout comme Edmund Hillary de répondre quand on lui demandait pourquoi il voulait gravir l’Everest : « Parce qu’il est là ! »

Que disait François 1er déjà ? Ah oui ! Souvent femme varie, bien fou celui qui s’y fie.